Formations, stages, reconversions ?

Très souvent je reçois des demandes de stages ou de formations qui me laissent dans des abîmes (ou presque) d’interrogations.

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Les motivations des demandeurs sont diverses : des jeunes dans le cadre d’une recherche d’atelier pour une formation en alternance, ou bien pour un stage nécessaire à l’intégration des formations RCBC1 à l’INP2 ou à Paris I Panthéon-Sorbonne. Parfois et même souvent, des demandes de cours par des adultes qui sont à la recherche de loisirs créatifs et j’ai aussi beaucoup de demandes pour des cours ou des stages pour une formation de reconversion.

C’est là que tout se complique!

Mais avant d'aller plus loin, faisons un petit point:

Un artisan comme moi qui travaille seul(e) va pouvoir prendre ponctuellement un stagiaire, soit parce qu’il a un planning de travail correct et suffisamment intéressant pour la formation d’un stagiaire soit lors d’une période ponctuellement abondante de travail où le stagiaire sera alors une aide précieuse . Mais si l’artisan travaille seul, c’est bien généralement parce-que les demandes qui lui sont faites, ou le volume de travail pour cette activité correspondent au « possible » pour une personne et pas plus.

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Bien sûr il y a des entreprises plus importantes, qui toutefois ne dépasseront pas une dizaine de salariés, sauf pour des chantiers ponctuels pour lesquels ces entreprises vont monter des équipes avec des jeunes restaurateurs installés en « free-lance » et qui seront prêts à aller travailler de plusieurs jours à  plusieurs mois parfois extrêmement loin de chez eux. Ces entreprises sont souvent basés dans les grands centres urbains, Paris, Lyon …….

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Enfin…le marché des métiers d’art, quoique en dise les médias qui font un concert dithyrambique et présentent,  la dorure entre autre, toujours sous l’angle du merveilleux et de l’extraordinaire, n’est plus ce qu’il a été. La crise est passée par là, rabotant les budgets et les priorités de tout un chacun, particuliers comme collectivités territoriales.

Et puis ou achetez vous vos meubles? Vous, jeunes et moins jeunes générations? Bien souvent dans de grandes surfaces à l’enseigne bleu et jaune, des meubles et objets de décoration qui ne se restaurent pas et donc…ne passeront pas dans nos ateliers !

Vous voulez investir ? Allez acheter du mobilier dans les salles de ventes, ce qui valait des milliers de francs il y a 40 ans ne vaut plus aucun euro ! et ne passe donc pas non plus dans nos ateliers !

Alors ?

Formations, stages, reconversion ?

Si vous êtes jeunes, vraiment passionné(e) et près à « manger de la vache enragée », allez-y. Vous trouverez plus facilement des stages à Paris dans des entreprises où il y a plusieurs salariés et cherchez plutôt à entrer dans celles qui travaillent pour les MH. Et si vous avez la tête bien faite et êtes prêt à faire des études longues et difficiles, allez chercher les Mastères 1 et 2 de RCBC à lINP ou Paris 1 , seules ces formations forment des restaurateurs agréés pour travailler pour les musées et beaucoup de chantiers MH

Le loisir créatifs, moi je ne fais pas!

Les doreurs qui proposent des cours (fort chers bien souvent), le font car ils n’ont pas assez de travail pour vivre de leur métier. Mais par là même, il se « tirent une balle dans le pied » ! Et puis soyons sérieux, ces cours, souvent très bien faits, ne permettent pas de se former, cela reste une initiation. (Je parle d’expérience, car j’ai donné pendant 4 ans un cours d’initiation à la dorure dans une association culturelle il y a maintenant une vingtaine d’années, et ai pu en éprouver tous les « tenants et aboutissants »)

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Pour finir, parlons de reconversion.

Pfouhhhhhhhhh  !….Non, n’y allez pas!

Qui vous a dit que c’était possible, rémunérateur, porteur ? Celui là est un menteur. Les formations que vous trouverez, par des cours auprès de doreurs privés ou au CFA de La Bonne Graine ne vous donneront pas une formation suffisante pour apprendre ce métier et vous installer.

Qu’allez vous dorer et restaurer sans expérience : des cadres ou des miroirs qui valent 50 fois moins que la valeur du temps de travail passé à les restaurer?

Si c’est pour faire de la customisation de bas de gamme, pourquoi pas, mais c’est beaucoup de temps passé et un très, très chiche gagne pain. Pensez-vous sérieusement pouvoir faire concurrence à l’embauche aux jeunes qui sortent des écoles?

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Bon………

foin de ce tableau très sombre, je vous le concède.  J’exerce un très beau métier, que j’aime passionnément, mais en vivre n’est pas si simple, aussi soyez prudent, ne rêvez pas, et si l’idée de ne pas exercer un tel métier vous désespère, alors allez-y tout de même….

1: RCBC ,Restauration et Conservation des Biens Culturels, Master 1 et 2 de Paris  Panthéon Sorbonne

2: INP : Institut National du Patrimoine, master 1 et 2 de Restauration et Conservation du patrimoine.

Pour compléter ces propos vous pouvez également lire un excellent article écrit par Donatienne Lurquin qui exerce en Belgique.